UNE LONGUE ENQUETE ET LA DOULEUR DES FAMILLES
Alors que les enquêteurs vont tenter de connaître les circonstances et les motifs exacts de la tragédie, les familles, elles, sont allées se recueillir sur les lieux du crash, deux jours après le drame. Au total, trois cent vingt-cinq personnes ont fait le voyage jusqu'à Seyne-les-Alpes. En majorité des familles allemandes et espagnoles mais également des personnes en provenance du Mexique, du Japon, de Colombie, du Venezuela ou d'Argentine.
Des proches anéantis et choqués, pris en charge par une équipe de 90 personnes composée en majorité de personnels spécialisés de Lufthansa et formés aux situations d'urgence, ainsi qu'une trentaine de salariés de la société londonienne Kenyon International Emergency Services, spécialisés dans la gestion de crise. Une dizaine de psychologues font également parties de ces équipes, dont l'un accompagne systématiquement les convois des familles en autobus entre Marseille.
La compagnie Germanwings a décidé d'allouer immédiatement 50.000 euros à chaque famille, "une somme qui ne viendra pas en déduction" des éventuels dommages versés ultérieurement, a-t-elle fait savoir. Cela dépendra des conclusions de l'enquête qui ne fait que commencer.
Y A-T-IL EU UN MANQUEMENT ?
Une des questions que se posent aujourd’hui les familles des victimes : le drame aurait-il pu être évité ? Est-il dû à un dysfonctionnement ? A une négligence ?
Quelques éléments de réponse ont déjà été fournis notamment par l’autorité allemande du transport aérien. Selon elle, la Lufthansa, maison mère de Germanwings, n’aurait pas transmis les informations sur l’état de santé d’Andreas Lubitz à l’agence allemande qui délivre les brevets de vol des pilotes.
La Lufthansa au courant des antécédents dépressifs. D'après les informations du journal allemand Welt am Sonntag, le copilote a été examiné au moins six fois par des médecins de Lufthansa à partir de 2009. C'est au cours de cette année qu'Andreas Lubitz a informé l'école de pilotage de la compagnie, alors qu'il reprenait sa formation après une longue absence médicale, qu'il avait connu un "épisode dépressif sévère". c'est ce qu' a reconnu le transporteur aérien après avoir un temps refusé de dévoiler les raisons pour lesquelles le jeune homme avait dû suspendre son apprentissage.
La Lufthansa ne transmet pas le dossier de Lubitz. Le parquet de Düsseldorf a affirmé qu’Andreas Lubitz avait "été en traitement psychothérapeutique pour des tendances suicidaires il y a de nombreuses années", avant l'obtention de son brevet de pilote. Mais en 2013, lorsque la Lufthansa délègue le suivi de ses pilotes à l'autorité allemande de sécurité aérienne( LBA), elle ne lui transmet pas le dossier d'Andreas Lubitz.
L'autorité chargée de délivrer la licence de pilotage, voit le copilote deux fois, en 2013 et 2014, mais sans jamais rien savoir de ses antécédents dépressifs. Après cela et "jusqu'à récemment, d'autres consultations chez le médecin ont eu lieu, donnant lieu à des arrêts maladie mais sans que ne soient attestées des tendances suicidaires ou de l'agressivité à l'égard d'autrui", avait confirmé le procureur de Düsseldorf. La LBA n'a eu accès au dossier d'Andreas Lubitz, au centre médical de la Lufthansa, que le 27 mars soit trois jours après le crash, a-t-elle ajouté.
L'Allemagne était l'objet d'une procédure lancée fin 2014. Par ailleurs, l'un des porte-paroles de l'Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) a révélé que "des cas de non-conformité" aux "règlements européens" avaient été relevés en 2014 en Allemagne, confirmant ainsi des informations du Wall Street Journal, « en particulier dans le domaine du suivi médical » des pilotes, a déclaré Dominique Fouda, porte-parole de l'Agence. Suites aux recommandations de l'AESA, la Commission européenne a engagé fin 2014 une procédure visant à demander des comptes à l'Allemagne.
AFP PHOTO / YVES MALENFER / DICOM / MINISTERE DE L'INTERIEUR
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